La dérobade de Vincent Peillon

Publié le par Julien Freyburger

Disons les choses clairement : bien que ne partageant pas son engagement, j'ai toujours été intéressé par le discours et les idées de Vincent Peillon, brillant espoir du Parti socialiste.

Quelle ne fut pas ma surprise quand, l'autre soir, au cours de l'émission A vous de juger,
Arlette Chabot nous a informés, en même temps qu'elle l'apprenait elle-même, que Vincent Peillon se dérobait et annonçait qu'il ne participerait pas à l'émission.

Sur le principe, le procédé est inacceptable, le député européen ayant confirmé sa participation à la journaliste le matin même au cours d'un échange téléphonique. On le constate : le sens de la parole donnée ne revêt guère d'importance pour celui qui ment sciemment à son interlocutrice.

Sur la forme, il n'est pas utile d'insister sur le caractère discourtois voire incongru de cette attitude qui confine à la grossièreté la plus blâmable.

Sur le fond de l'affaire, il me paraît impossible de trouver une quelconque excuse à Monsieur Peillon qui a voulu "faire un coup" pour dénoncer une présumée déviance de la mission de service public de France Télévision. Pourquoi ? Parce que l'invité principal de l'émission était Eric Besson, membre du Gouvernement, et que sa première contradictrice était la vice-présidente du Front national, Marine Le Pen.

Jusqu'à ce que la preuve du contraire soit rapportée,
Eric Besson, ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire est un homme parfaitement respectable dont les convictions républicaines ne peuvent être sérieusement mises en doute.

Quant à Madame Le Pen, dont les prises de position ne suscitent pas la moindre sympathie chez moi, celle-ci est une élue de la République. On peut le déplorer, on peut la combattre mais c'est ainsi. J'ai toujours pensé qu'une attitude faite d'ostracisme à l'égard du Front national ne contribuait qu'à le victimiser et donc à le renforcer. Rien ne remplace le débat. Encore faut-il ne pas vouloir le fuir...

Les "exigences" de Monsieur Peillon consistant à demander la démission d'Arlette Chabot et d'une partie de la direction de France 2 sont tout bonnement scandaleuses. Que n'aurait-on entendu si un représentant de l'actuelle majorité avait formulé une demande similaire !

Par son comportement, Vincent Peillon a abaissé le politique et, plus largement, a donné une bien piètre image de la politique. Un succès médiatique indéniable mais au détriment de son auteur qui, en définitive, récolte ce qu'il a semé. 

Publié dans En France et Ailleurs

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